Déclaration de l’ombudsman pour la Semaine de la justice réparatrice 2019
19 novembre 2019
À mon bureau, on entend souvent des victimes dire qu’elles n’ont pas suffisamment d’occasions de se faire entendre et de participer aux processus du système de justice pénale traditionnel. Bien que le procès détermine si un délinquant est coupable d’un crime et sa punition, je sais, grâce à mon travail de première ligne auprès des victimes et des survivants, que les victimes ont besoin de reconnaissance, d’aide et de soutien pour guérir à long terme. Les victimes doivent savoir que leurs préoccupations et leurs expériences sont entendues et comprises, et elles doivent savoir que le délinquant a reconnu sa responsabilité à l’égard de l’acte répréhensible.
La justice réparatrice peut favoriser la guérison après la victimisation grâce à une approche axée sur la victime qui tient compte du traumatisme. La possibilité pour les victimes de se faire entendre est au cœur du processus, et la possibilité d’amener le délinquant à accepter ses responsabilités à l’égard de son crime et à en comprendre les répercussions sur la vie de la victime et de son entourage peut être une expérience extrêmement transformatrice et habilitante pour les victimes, leurs familles et les collectivités. La guérison et la réadaptation peuvent commencer lorsque les délinquants ont la possibilité de réparer le tort qu’ils ont causé.
De nombreuses études montrent que les victimes d’actes criminels profitent souvent de la participation à des programmes de justice réparatrice, et de nombreux délinquants sont plus susceptibles d’admettre leur responsabilité dans le cadre de la justice réparatrice plutôt que lors d’un procès traditionnel. Pourtant, les données nous montrent que très peu de victimes participent à ces programmes. Les victimes ne reçoivent pas d’information sur les options de justice réparatrice et les preuves de ses avantages, comme la réduction de troubles de stress post-traumatique et une satisfaction accrue.
La justice réparatrice a ses racines dans la tradition autochtone et, bien que les collectivités autochtones utilisent ses techniques depuis des siècles, les solutions de rechange en matière de justice réparatrice ne sont pas encore largement disponibles au Canada. C’est surprenant, étant donné que les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la justice et de la sécurité publique ont convenu d’accélérer le recours à la justice réparatrice au Canada en 2018.
Le besoin d’importants investissements fédéraux dans les programmes de justice réparatrice est attendu depuis longtemps. À l’occasion de cette Semaine de la justice réparatrice, je demande au gouvernement fédéral d’appuyer des programmes de justice réparatrice novateurs qui intègrent le savoir et les pratiques exemplaires autochtones, et d’élargir la portée des programmes existants. Il est essentiel d’accroître le recours à la justice réparatrice et l’accès à celle-ci pour mieux soutenir les victimes d’actes criminels et accroître la possibilité d’obtenir des résultats plus favorables pour les victimes, les délinquants, leurs familles et leurs collectivités.
Heidi Illingworth
Ombudsman fédérale des victimes d’actes criminels