Le 15 mai, 2023
Ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels
Moment de réflexion de l'ombudsman à l’occasion de la Semaine des victimes et survivants d’actes criminels 2023
Bonjour,
Je m’appelle Benjamin Roebuck et j’ai été nommé récemment au poste d’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels, où je continuerai l’excellent travail accompli par Heidi Illingworth.
J’ai l’honneur de diriger le moment de réflexion prévu à l’occasion de la Semaine des victimes 2023.
J’aimerais prendre un moment pour reconnaître que je me trouve sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin Anishinaabe.
Je reconnais qu’en tant qu’homme issu des colons européens blancs, je suis une personne privilégiée dans ce rôle d’ombudsman qui m’a été confié. J’espère qu’en écoutant les peuples autochtones d’un océan à l’autre et qu’en ouvrant mon cœur à leur sagesse, je pourrai m’en inspirer et contribuer à la réconciliation.
Durant la Semaine des victimes et survivants d’actes criminels, optons pour l’action plutôt que pour les mots. Je vous encourage à faire un don à une organisation autochtone ou à soutenir une entreprise appartenant à des Autochtones. Demandez à votre député ou députée quel est son plan pour donner suite aux #appelsàl’action et aux #appelsàlajustice de la Commission de vérité et réconciliation et de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Réfléchissez également aux gestes que vous pouvez poser.
En avril, la grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, a interpelé le gouvernement pour qu’il reconnaisse et règle aussi l’enjeu des hommes et des garçons autochtones disparus et assassinés.
Nous nous rassemblons cette semaine à la mémoire des êtres chers qui nous ont été enlevés à cause de la violence, de conducteurs en état d’ébriété, d’abus de pouvoir, du racisme, des effets de la colonisation et du génocide. Leur absence est ressentie par leurs familles, leurs amis, collègues et voisins, qui continuent de les aimer jour après jour.
Cette semaine, nous rendons hommage aux survivants. Je sais que bon nombre d’entre vous regardez la cérémonie à partir de la maison ou du travail, le temps d’une pause dans votre vie quotidienne. Je salue les efforts que vous déployez pour accueillir la douleur et tenter de guérir. Je rends hommage à votre force, mais aussi à votre fragilité; à votre courage, mais aussi à votre sentiment de peur; à votre espoir, mais aussi à votre cynisme. Les survivants m’ont enseigné de grandes leçons sur l’acceptation de soi, la valeur de la colère et le respect des limites personnelles tout en soulignant à quel point il peut être difficile et, en même temps, transformateur d’avoir besoin d’aide et d’offrir notre aide. Et de mon amie Margot, j’ai appris à réfléchir au « Sawbonna » – notre humanité commune.
Cette année, le thème de la Semaine des victimes et survivants d’actes criminels demeure « Le pouvoir de la collaboration ». Tout au long de la semaine, nous allons rendre hommage aux familles, aux amis, aux fournisseurs de services aux victimes et aux défenseurs des droits des victimes qui luttent pour mettre fin à la violence faite aux femmes. Nous saluerons le travail des militants queer et trans qui créent des espaces sûrs et mettent de l’avant des dispositions législatives plus inclusives, les thérapeutes qui viennent en aide aux hommes et aux garçons ayant subi de la violence de même que les gens qui, au sein du système de justice, prennent le temps de témoigner du respect aux survivants en les écoutant.
C’est ensemble que nous changeons les choses.
L’an passé, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes (JUST) a adopté des recommandations à l’unanimité en vue d’améliorer les mesures d’appui destinées aux victimes d’actes criminels.
Votre travail collectif continue de faire évoluer le sens que nous donnons à la justice au Canada.
La semaine dernière, le gouvernement a présenté le projet de loi S-12, qui renforce le droit à l’information et le droit de participation. Si ce projet de loi est adopté, les procureurs de la Couronne demanderont désormais aux personnes survivantes d’agression sexuelle si elles souhaitent bénéficier d’une interdiction de publication dans leur dossier au lieu d’imposer cette interdiction sans leur consentement. Et à l’étape de la détermination de la peine, le juge devra s’enquérir auprès du poursuivant pour établir si la victime veut recevoir des renseignements après le prononcé de la peine. La même question sera ajoutée à la déclaration de la victime. Dans le cas d’un contrevenant purgeant une peine de ressort fédéral, le tribunal peut enfin transmettre au Service correctionnel du Canada les coordonnées de la victime, si celle-ci y consent afin qu’ils puissent s’inscrire pour recevoir des renseignements.
Par conséquent, il arrivera moins souvent qu’une personne rate une audience de libération conditionnelle faute d’en avoir été informée, et plus de victimes peuvent choisir d’être avisées quand l’auteur des crimes commis contre elles sera mis en liberté. Ce projet de loi assurera également un accès plus équitable aux services aux victimes pour les survivants autochtones ou noirs, qui sont actuellement sous-représentés.
Je vous remercie donc de vous faire entendre et de réclamer des améliorations. Le consentement, c’est important. Et quand nous offrons automatiquement aux victimes le choix d’être informées, nous adoptons une démarche respectueuse, conforme à l’éthique et bienveillante.
Maintenant, nous choisissons de faire une pause et de nous souvenir.
Prenons un moment de silence pour rendre hommage à ceux qui ont été enlevés à leur famille par suite d’un acte de violence et à tous ceux qui ont survécu à la violence. Honorons leur mémoire.
(silence)
Merci. Thank you.