Je reconnais que nous sommes sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine anishinaabe. Je rends hommage au leadership, à la force et à la sagesse des peuples autochtones, et j'accepte la responsabilité personnelle de poursuivre la justice et la réconciliation.

Déclaration de l’ombudsman au sujet du projet de loi S-12

Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels et la Loi sur le transfèrement international des délinquants

Le 26 octobre 2023, le gouvernement a adopté le Projet de loi S-12, Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels et la Loi sur le transfèrement international des délinquants. Ces modifications législatives simplifieront, entre autres, l'accès des victimes à l'information et rendront le régime des ordonnances de non-publication davantage axé sur les victimes. Ces avancées méritent d'être célébrées et sont le résultat d'efforts collectifs de la part des défenseurs et des représentants des droits des victimes.

Droit à l'information

Une étape importante a été franchie : pour la première fois, il y aura un processus législatif pour s'assurer que l’on demande aux victimes si elles veulent recevoir de l'information concernant la peine du délinquant et son administration. Lors de l'audience de détermination de la peine, le juge doit demander au poursuivant si des mesures raisonnables ont été prises pour déterminer si la victime souhaite recevoir ce type d'information. De plus, une case à cocher a été ajoutée à la déclaration de la victime utilisée lors de la détermination de la peine pour demander ces renseignements. Si cette case est cochée, le tribunal devra transférer les coordonnées de la victime au Service correctionnel du Canada (SCC) pour faciliter l'inscription. Une victime inscrite est en mesure d'exprimer des préoccupations en matière de sécurité et de recevoir de l'information sur les transfèrements, les dates de libération conditionnelle et tout plan de mise en liberté lié au délinquant.

Ordonnances de non-publication

Les ordonnances de non-publication peuvent être un outil utile pour protéger les victimes, mais elles peuvent aussi les réduire indûment au silence. De nombreuses victimes d'agression sexuelle nous ont confié qu'elles n'avaient pas été informées de l'existence d'une ordonnance de non-publication ni du processus complexe à suivre afin de lever celle-ci. Grâce à ces réformes, les tribunaux doivent désormais demander au procureur si la victime souhaitait qu'une ordonnance de non-publication soit imposée avant de présenter la demande. Si la victime est présente, le tribunal doit le lui demander directement. Si la victime n'est pas présente, le poursuivant est tenu de démontrer au tribunal qu'il agit conformément à la volonté de la victime en ce qui concerne une ordonnance de non-publication. De plus, les procureurs ont maintenant la responsabilité d'informer la victime d'une ordonnance de non-publication à l'égard de son nom et de son droit de retirer ou de modifier l'ordonnance. Les victimes et les survivants visés par une ordonnance de non-publication pourront également décider de ce qui est le mieux pour eux et divulguer des renseignements sur leur vécu à des professionnels du droit ou de la santé ou à une personne avec qui ils ont une relation de confiance, sans crainte de répercussions juridiques.

Recommandations:

Nous avons fait des progrès vers un système de justice pénale davantage axé sur les victimes, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour nous assurer que les victimes sont adéquatement informées de leurs droits. Voici deux exemples d'améliorations supplémentaires qui sont nécessaires :

1. Consentement éclairé. Les ordonnances de non-publication peuvent avoir des conséquences importantes pour les survivants. Les avantages et les inconvénients devraient être présentés plus clairement à l'aide de ressources écrites qui fournissent de l'information dans un langage simple et facile à comprendre. Comme les traumatismes peuvent rendre difficile le traitement et la mémorisation de l'information, avoir quelque chose en main à examiner peut aider à la prise de décision. Une ressource sur les ordonnances de non-publication expliquant la loi, les considérations de sécurité et la façon de faire modifier ou révoquer une interdiction devrait être fournie dès le début aux victimes et aux survivants qui sont souvent jetés dans un système de justice pénale qui leur est inconnu.

2. Information centrée sur la victime. Un nouveau processus visant à fournir aux victimes d'actes criminels de l'information après que la peine ait été prononcée est l'une des contributions essentielles du Projet de loi S-12. Cependant, il n’est pas expliqué clairement qu'une victime doit s'inscrire auprès du SCC ou de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) pour recevoir de l'information sur les services aux victimes, la justice réparatrice et les transfèrements en prison; sur la façon de participer aux audiences de libération conditionnelle, de faire part de ses préoccupations en matière de sécurité ou d'être informée de la mise en liberté de la personne qui lui a causé du tort. Le système et ses acteurs dans leur ensemble doivent assumer la responsabilité proactive d'informer automatiquement les victimes du processus, de leur fournir des ressources qui expliquent leurs droits, préciser comment s'inscrire auprès du SCC ou de la CLCC, et leur expliquer ce qu’entraîne une décision de s’inscrire, ou de ne pas s’inscrire.


Dr Benjamin Roebuck (il/lui)

Ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels