Travailler pour toutes les victimes
En plus de collaborer avec chacune des victimes d’actes criminels, le BOFVAC étudie des enjeux importants et soumet au gouvernement fédéral des recommandations au sujet de modifications de lois, de politiques, de programmes ou de services afin de mieux appuyer et aider toutes les victimes d’actes criminels. De tels changements nationaux généraux aident en fin de compte toutes les victimes d’actes criminels au Canada.
Le BOFVAC doit :
- entreprendre des projets spéciaux (p. ex.,
mise en correspondance de données);
- effectuer des examens systémiques;
- cerner des enjeux et soumettre des recommandations au gouvernement fédéral;
- présenter des mémoires au gouvernement fédéral au cours d’exercices de consultation;
- formuler des commentaires et des recommandations au sujet de propositions législatives.
La section qui suit explique comment le BOFVAC a effectué ce travail en 2015-2016 afin de renforcer le système de justice pénale du Canada.
Projet spécial
Étude sur la mise en correspondance
des données
Les données sur la victimisation au Canada sont réunies de temps à autre et leur portée est limitée. L’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation produit une grande partie des données les plus utiles. Les résultats de l’enquête illustrent le vécu des victimes. Ils incluent à la fois les actes criminels signalés aux corps policiers et les incidents criminels qui ne le sont pas (c.-à-d., actes criminels non déclarés). Comme beaucoup d’actes criminels ne sont pas signalés aux services policiers pour diverses raisons, les données sur la victimisation autodéclarée contenues dans l’ESG sur la victimisation constituent un complément essentiel aux statistiques sur le système judiciaire. Un défi de premier plan à relever réside dans le fait que l’ESG sur la victimisation est une enquête quinquennale : les statistiques sur la victimisation ne sont donc pas à jour. Les données déclarées aux services policiers sont utiles dans certains contextes, mais elles sont limitées à des actes criminels précis déclarés et ne tiennent pas nécessairement compte de toute l’expérience d’une victime.
Face à cette lacune des données, le BOFVAC a créé, en 2015-2016, un partenariat avec le Centre canadien de la statistique juridique de Statistique Canada pour entreprendre une étude sur la mise en correspondance des données. L’étude vise à cerner des besoins et des possibilités de recherche portant sur les victimes d’actes criminels. Elle vise aussi à définir des données possibles qui pourraient servir à mesurer les effets de la CCDV sur le système judiciaire. Le projet comporte deux volets :
- Volet 1 : Consulter les parties prenantes pour définir leurs priorités et leurs besoins généraux en recherche et en données portant sur les victimes d’actes criminels.
- Volet 2 : Définir des ensembles de données existants afin de déterminer les données actuellement produites et préciser comment les optimiser afin de répondre aux besoins en recherche.
L’étude sur la mise en correspondance des données
produira un plan directeur sur la collecte, la production et la diffusion d’information et de données sur les problèmes des victimes et les services offerts dans le système de justice pénale dans toutes les administrations du Canada.
L’étude sur la mise en correspondance des données a été lancée en septembre 2015. On a tenu des consultations externes avec tout un éventail de services aux victimes et de parties prenantes entre novembre 2015 et février 2016. Nous attendons avec impatience le dévoilement du rapport final en 2017.
Examen systémique
Voici comment le BOFVAC définit un
problème systémique :
Un problème qui a actuellement des répercussions négatives sur les victimes d’actes criminels et qui pourrait, s’il n’est pas cerné et réglé adéquatement, continuer d’avoir des répercussions négatives sur les victimes.
Le BOFVAC a toujours examiné les problèmes systémiques, mais il a officialisé en 2015-2016 le déroulement étape par étape du processus d’examen, y compris les délais d’exécution prévus et les niveaux d’examen. Après avoir mis au point le processus et élaboré les documents d’appui, il a rencontré ses partenaires ministériels et ses collègues du Ministère pour leur expliquer le processus et leur indiquer ce à quoi ils peuvent s’attendre si leurs programmes, services ou politiques font l’objet d’un examen. Le BOFVAC mène ses activités en fonction des principes applicables à un ombudsman, soit la neutralité et l’équité, et croit qu’il est utile
à cet égard d’avoir recours à un processus clair
et transparent.
En 2015-2016, le Bureau a terminé son premier examen systémique officiel à l’aide du modèle de production de rapports. Le rapport intitulé Aide financière permettant aux victimes d’assister aux audiences de la Commission des libérations conditionnelles du Canada peut être consulté sur le site Web du BOFVAC. Voici un résumé de l’examen.
Aide financière permettant aux victimes d’assister aux audiences de la Commission des libérations conditionnelles du Canada
L’examen a porté sur les communications déficientes ou tardives entre les victimes inscrites et les agents de programme, ainsi que sur les retards de paiement aux victimes de l’aide financière provisoire ou finale.
Il a évalué les étapes franchies pour résoudre ces problèmes. Après l’examen, l’ombudsman a formulé cinq recommandations. Le tableau 1 les énumère et indique les réponses de la Direction générale des programmes de Justice Canada.

Une description texte de ce graphique est disponible sur une page séparée
Problèmes recensés et recommandations subséquentes
Mise en œuvre du mécanisme de gestion des plaintes exigé par la Charte canadienne des droits des victimes
La Charte canadienne des droits des victimes (CCDV) exige que les organismes fédéraux qui participent au système de justice pénale disposent d’un mécanisme de gestion des plaintes. Il y a donc de nombreux mécanismes du genre ayant chacun leurs propres critères d’admissibilité, formulaires de plainte et temps de réponse. Les victimes qui veulent se plaindre doivent communiquer avec le ministère ou l’organisme responsable. Si elles sont insatisfaites après avoir franchi toutes les étapes du processus, elles peuvent déposer une plainte auprès de n’importe quelle autorité qui a le mandat d’examiner les plaintes, comme le BOFVAC.
En 2015-2016, le BOFVAC a commencé à recevoir des plaintes des victimes à l’égard des nouveaux processus de gestion des plaintes. Les victimes ne savaient pas à qui s’adresser pour déposer une plainte. Elles ont également trouvé le processus complexe. Dans certains cas, la plainte d’une
victime peut toucher plus d’un ministère. Les victimes ont informé le BOFVAC qu’elles ont dû dans ces situations présenter leur cas à maintes reprises sous divers formats et qu’il a été frustrant et déroutant de traiter avec de nombreuses personnes. Le BOFVAC a aidé les victimes s’y retrouver dans ces nouveaux processus de gestion des plaintes et a facilité le dépôt de plaintes par certaines victimes. Il est conscient que ce nouveau problème systémique
a des répercussions néfastes sur les victimes
d’actes criminels.
Recommandations
Au cours d’une réunion en personne, l’ombudsman a communiqué la rétroaction à l’égard du mécanisme de gestion des plaintes au personnel de l’honorable Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Elle a aussi recommandé qu’un seul formulaire soit utilisé afin de faciliter le processus de gestion des plaintes pour les victimes
d’actes criminels.
État de la situation
Le BOFVAC assurera un suivi à cet égard en 2017.
Droits des victimes au sein du système
de justice militaire
Bien que la CCDV constitue une première étape
de la reconnaissance des droits des victimes d’actes criminels au Canada, les droits prévus par cette loi ne s’appliquent pas aux victimes d’infractions qui font l’objet d’enquêtes et d’accusations en vertu de la Loi sur la défense nationale. Par conséquent, les victimes d’actes criminels parmi les militaires du Canada n’ont pas les mêmes droits ni le même accès à la même information que les victimes d’actes criminels dans le cadre du système civil de justice pénale.
Le 3 décembre 2015, l’ombudsman a écrit au ministre de la Défense nationale pour lui signaler cette disparité.
Recommandations
L’ombudsman a recommandé que le ministre de la Défense nationale dépose une loi modifiant la Loi sur la défense nationale afin d’accorder aux victimes dans le cadre du système de justice militaire les mêmes droits et privilèges que ceux prévus dans la CCDV.
État de la situation
Le 22 mars 2016, le ministre de la Défense nationale a écrit à l’ombudsman qu’il reconnaissait qu’il y avait une disparité en ce qui concerne les droits accordés aux victimes d’actes criminels dans le système de justice militaire. Il a ajouté qu’il jugeait prioritaire de combler cet écart législatif et qu’il prévoyait travailler avec les responsables pour résoudre cette question dans les mois suivants.
Le BOFVAC continue de surveiller cette question.
Programme d’intervention proposé pour les victimes dans le cas d’incidents de victimisation massive ou de terrorisme
Dans le contexte mondial actuel, il est malheureusement de plus en plus question d’incidents de victimisation massive ou de terrorisme. Il peut s’agir de tireurs fous, d’attaques terroristes ou d’autres situations d’urgence.
Alors que le Canada est aux prises avec ce problème, le BOFVAC reconnaît l’importance de veiller à ce que les besoins et les préoccupations des victimes soient entendus et traités.
Recommandations
L’ombudsman a proposé que le gouvernement fédéral crée un programme d’intervention spécialisé pour les victimes auquel participerait Sécurité publique Canada (SPC), de concert avec l’Association canadienne des chefs de police (ACCP), la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et les services aux victimes des provinces et des territoires. L’ombudsman a recommandé que le programme s’inscrive dans la structure de commandement des interventions de la GRC.
L’ombudsman a aussi recommandé que le programme comporte les éléments suivants :
- Recherche et élaboration de politiques. Recenser les pratiques exemplaires et les leçons apprises dans les interventions auprès des victimes au Canada et à l’étranger. Élaborer des politiques tenant compte des constatations
des recherches.
- Formation spécialisée afin de créer un bassin de « spécialistes de la victimisation » accrédités. Sélectionner des prestataires de services aux victimes déjà en poste et les former pour intervenir dans les cas de pertes et de victimisation massives. Choisir des travailleurs de la GRC et des services de police provinciaux, territoriaux et municipaux.
- Appui et consultation. Assurer un appui direct aux services de police et à tous les ordres de gouvernement dans le cadre d’incidents de victimisation massive ou d’attaques terroristes. Veiller à ce que les politiques et les plans tiennent compte des besoins des victimes. Consulter les victimes pour établir des plans.
Le programme d’intervention spécialisé pour les victimes accroîtrait la préparation civile à l’égard
des cas de victimisation massive et augmenterait
la résilience des Canadiens après ces incidents.
Il créerait aussi une norme plus élevée et uniforme en matière d’intervention auprès des victimes dans toutes les administrations au Canada.
État de la situation
Le BOFVAC continue d’examiner cette proposition avec SPC, l’ACCP et la GRC.
Mémoire au gouvernement dans le cadre de ses consultations
Processus préalable visant la conception de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Le 8 décembre 2015, le gouvernement du Canada a annoncé le lancement d’une enquête nationale pour faire la lumière sur le nombre disproportionné de femmes et de filles autochtones assassinées et disparues. De décembre 2015 à la mi-février 2016, le gouvernement a rencontré les familles des victimes. Il a aussi mis en ligne un sondage pour recueillir de l’information auprès d’un vaste éventail d’intervenants et de la population en général sur la conception de l’enquête nationale. L’ombudsman
a soumis un mémoire en ligne dans le cadre de
ce sondage.
Recommandations
L’ombudsman, qui soutient depuis longtemps la demande pour une enquête nationale, a présenté
les considérations et recommandations suivantes :
- La participation des familles des victimes, des survivantes et des communautés est de la plus haute importance. L’enquête nationale doit mettre en œuvre des mesures visant à assurer une représentation diversifiée et à traiter des barrières potentielles à la participation. Par exemple, l’enquête nationale devrait offrir la possibilité d’y participer de façon anonyme. Elle devrait offrir des accommodements afin de protéger la vie privée des personnes et de réduire au minimum leur exposition publique.
- L’enquête nationale devrait intégrer les 10 principes soulignés dans la Déclaration canadienne de 2003 des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité. En outre, lorsqu’il y a lieu, l’enquête nationale devrait tenir compte des droits et des protections de la CCDV.
- L’enquête nationale devrait traiter des causes fondamentales spécifiques qui sous-tendent les cas de femmes et de filles autochtones assassinées et disparues, et des questions plus larges qui touchent à la violence et à la victimisation des femmes autochtones.
- Bien qu’elle soit en faveur de l’enquête nationale, l’ombudsman reconnaît également le besoin de mettre en place des mesures immédiates et concrètes. À ce titre, elle a demandé la divulgation publique des mesures à l’égard de la victimisation continue des femmes et des filles autochtones, ainsi que des évaluations et résultats pertinents. Cela comprend des mesures dans le cadre du Plan d’action pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l’endroit des femmes et des filles autochtones du gouvernement.
- Il serait utile de créer un plan d’action
national soulignant toutes les recommandations, responsabilités, sources de financement et
tous les échéanciers.
État de la situation
Le gouvernement fédéral a affiché des sommaires des rencontres en personne avec les familles des victimes sur le site Web d’Affaires indiennes et
du Nord Canada.
En date du 31 mars 2016, le gouvernement
fédéral n’avait pas encore publié un sommaire
de la consultation en ligne.
Recommandations sur les propositions législatives
Étude du Sénat du Canada portant sur les retards dans le système de justice pénale
En janvier 2016, le Sénat du Canada a autorisé le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles à étudier les retards dans le système de justice pénale. L’ombudsman a comparu devant le comité le 24 mars 2016 pour faire rapport de la façon dont les retards affectent les victimes d’actes criminels. L’ombudsman a recommandé le renforcement des droits des victimes et de leurs services d’aide pour réduire les retards et améliorer
la satisfaction générale des victimes envers le
système de justice pénale.
Recommandations
L’ombudsman a recommandé des mesures dans deux domaines afin de réduire les retards dans le système de justice pénale et d’alléger le fardeau pour les victimes :
L’ombudsman a conclu que ces réformes pratiques pourraient résoudre le problème des délais dans le système canadien de justice pénale, et qu’elles seraient avantageuses pour les accusés, les victimes, les professionnels de la justice pénale et la société dans son ensemble.
État de la situation
Le Comité sénatorial permanent des affaires
juridiques et constitutionnelles poursuit son étude de ces questions.